Joyeux anniversaire à la société
4 juillet 2009

Joyeux anniversaire à la société, et je salue à cette occasion ceux qui la composent ou qui ont fait un bout de chemin avec elle.

Pour marquer le coup nos avons eu un repas chinois (mieux vaut manger chinois que se faire bouffer par les chinois, non 😉 ), le «mini restaurant» chinois nous avait envoyé une cuisinière, ce qui aura donné l’occasion à Ana, notre créative et talentueuse cuisinière, l’occasion de souffler un peu à la maison…

Pas mal de gens sont en vacances, ou en WE anticipe, (plus Philippe que boudait et Cipri qui faisait la photo), bref il manque beaucoup de monde sur la photo, la période d’été n’est décidément pas idéale pour les photos de groupes…

Comme souvent en de telles occasions, on se retourne en arrière, et on mesure tout le chemin parcouru… sur ce blog on parle beaucoup de présent et d’avenir, mais pour que nos partenaires nous comprennent mieux, et comprennent mieux «ou nous allons» en «embrassant» l’ensemble de notre trajectoire… 7 ans c’est déjà l’age de raison, donc voici un petit retour en arrière sur les années d’enfance et de croissance de Transylvanie Consulting SRL.

L’idée de créer une société est née en février 2002… les bases ont été posées dans une pizzeria Clujoise ou mon futur associé, Cristian Gabor, «Cristi», visiblement intéressé par ma proposition de créer une SSII à Cluj travaillant pour des clients français, m’a présenté 2 collègues développeurs expérimentés, dont l’un a d’ailleurs ensuite aussi fait partie de la toute première équipe mise en place… mais nous n’en sommes pas encore là…

Ce n’était pas la première fois que je voyais Cristi, j’avais fait sa connaissance l’année précédente pour lui emprunter un sac de couchage avant de partir camper dans les Carpates… massifs magnifiques… 🙂

En fait début 2002 j’étais «programmé» pour devenir le responsable d’une unité de production textile de Roumanie, mais pour diverses raisons j’ai préféré au domaine des industries de main d’œuvre celui des nouvelles technologies web opensource… Il faut dire qu’on ne travaille pas avec les même populations ni les mêmes typologies de clients…

La décision définitive de me lancer fut prise dès le début avril, et sous le regard un peu incrédule de Cristi, qui ne pensait pas que les choses iraient si vite, nous avons démarré les démarches pour constituer une société et le travail a commencé en vue de réaliser un site internet constituant la vitrine de ce que nous pouvions proposer…

L’occasion pour moi de me familiariser avec le rythme transylvain… ( assez helvétique, très posé, mais avancer lentement c’est aussi, souvent, avancer sûrement… 🙂 )
Comme Cristi était toujours salarié, à l’époque (il était l’administrateur réseau d’un des principaux éditeurs de progiciels de gestion du pays), les «réunions» se faisaient surtout en soirée. Contenu de site internet, premières études, premiers projets «freelance de rodage»…

A partir du 3 juillet 2002 un grand pas avait été franchi, nous avions une société officiellement enregistrée, un siège, du matériel… nous pouvions donc passer à l’étape suivante, le démarchage des premiers clients significatifs.

Ayant travaillé quelques années en France comme cadre, je disposais (outre d’économies bien utiles pour financer le démarrage) d’un réseau de contacts qu’il s’agissait d’activer, parallèlement à une démarche commerciale plus classique… après quelques allers retours en France et diverses propositions commerciales, c’est finalement la piste «réseau», grâce à l’ami d’un ami, nom de code «Max le Breton» (avec lequel j’avais réalisé le site internet de notre DESS pendant les vacances de Pâques 1997… insouciante jeunesse…) que nous avons finalement fait affaire début 2003 avec notre premier client structurant, une start up française éditeur d’un progiciel de gestion centré sur les notes de frais.

D’entrée nous avons mis en place une équipe de 6 personne, laquelle culminera à 10 personnes, avant de voir progressivement décliner les volumes, même si nous assurons encore aujourd’hui la maintenance de la désormais très vénérable application…

Au passage on peut saluer le cran de notre interlocuteur client, jeune responsable technique et associé de la société cliente, lequel a pris le risque de travailler avec une toute jeune structure, même si il faut noter qu’il n’en était pas à son coup d’essai, ayant auparavant travaillé au sein de la filiale indonésienne de leur groupe ( filiale à laquelle il avait décidé de retirer les développements de l’application dont il allait nous confier le re-développement total).

Le choix de la Roumanie (à la base l’Europe de l’Est, le choix de la Roumanie a été l’affaire d’une rencontre ) était dicté par la nécessité d’un proximité géographique et culturelle vis à vis du marché français, par opposition à l’Indonésie, avec laquelle la communication était très difficile.

Et si le fait de travailler avec nous impliquait des risques, mais aussi des surcoûts par rapport à l’offshore lointain, ceux ci restaient très mesurés.

Après quelques hésitations au moment de se lancer dans l’aventure, (pas facile pour des salariés de démissionner de sociétés qui ont pignon sur rue pour en rejoindre une qui démarre…) les choses se sont bien mises en place. La venue ultérieure des chefs de projet français a permis de développer un esprit d’équipe entre les pays, elle a favorisé les échanges en renforçant le respect mutuel.

En 2004 a été également créée la société Transycons SRL, (nous avons tout simplement repris notre nom de domaine internet pour la baptiser) opérant sur des prestations moins techniques et le conseil. Son arrivée était d’autant mieux venue qu’un client qui vous permet de démarrer peut avoir tendance à considérer à terme que la société prestataire lui appartient, donc l’ensemble de son portefeuille client…

S’ensuit une période plus difficile fin 2004 / début 2005 ; notre principal client nous demande de plus en plus de ressources, donc «absorbe» les nouvelles recrues… mais les règlements des factures tardent de plus en plus… cette start-up a beaucoup investi commercialement, ce qui a ponctionné sa trésorerie, des discussions sont en cours pour l’entrée d’un nouvel actionnaire, mais celles ci trainent en longueur… et dans un tel cas, plus votre client vous doit, plus vous êtes dépendant de lui, et si vous cessez de travailler pour lui les deux sociétés plongent en même temps… arrive la fin de l’été, nous découvrons après coup que nous avons continué à travailler pour une société placée successivement en redressement puis liquidation judiciaire… sans que nous l’ayons su…

Sans surprise (vu rétrospectivement) l’actionnaire potentiel s’impose comme repreneur providentiel… mais en ne reprenant bien sûr que les actifs (et non le passif). Une collaboration avec lui redémarre, sur de nouvelles bases ( équipe réduite, nouveau tarif).
Il sera même question que le repreneur «nous rachète» aussi, (à bon compte bien sûr), mais cela ne se fera finalement pas, d’un part du fait d’une logique financière visant à payer indistinctement tous les fournisseurs le plus tard possible (alors qu’il n’ignorait pas les pertes que nous avions essuyé suite à sa non reprise du passif de notre client liquidé), et d’autre part parce que nous avions déjà sensiblement diversifié notre portefeuille client, ce qui a permis de garantir notre indépendance et la poursuite de notre développement.

En effet, dès 2004 nous avions par exemple démarré la réalisation de sites internet pour une importante web company française, laquelle nous confiant de plus en plus de travail. De plus, la chute de notre client historique a provoqué un important «appel d’air». Disposant soudain de ressources disponibles, elles ont été rapidement employées, majoritairement pour la réalisation de sites internet, y compris pour de nouveaux clients.

La stratégie était désormais claire ; sans renier notre vocation dans le développement d’applications sur mesure (en PHP mais aussi JAVA) nous nous tournions résolument vers la création de sites internet (étant en mesure de les réaliser en totalité ; graphisme original pour chaque site, intégration html / CSS, développements, animations flash…), avec également l’idée de diversifier au maximum notre portefeuille client pour limiter notre vulnérabilité (même si il est vrai qu’il y en a souvent un qui est plus «vorace» en ressources que les autres et tend à se tailler la part du lion…).

Les effectifs ont continué à croitre rapidement, au rythme de 50 % par an, puisque le groupe avait schématiquement 6 salariés en 2003, neuf en 2004, 15 en 2004, 22 en 2006, 35 en 2007 et une quarantaine mi 2008 avant le déclenchement de la crise systémique mondiale.

Notre croissance, certes assez rapide, s’est faite a un rythme volontairement mesuré ; il y a eu des périodes ou nous avons délibérément abandonné la mise à jour et le référencement de notre site internet de peur de recevoir des demandes que nous ne pourrions pas traiter faute de ressources disponibles… nous avons progressé au rythme permis par le développement de nos ressources humaines, de manière à construire sur des bases solides et stables.

Pendant la période 2005 – 2008, notre développement s’est appuyé sur les trois piliers suivants

1 – Principe de la pépinière ; les personnes recrutées sont toutes passées par une formation (intégration) aux méthodes internes de l’entreprise. Avoir des connaissance ne suffit pas, il faut aussi respecter les méthodes de travail en vigueur au sein de la société.

2 – Développement d’un encadrement intermédiaire (chefs de projets) autonome . C’est lié au système de la pépinière. Dans les pays ex communiste il est souvent difficile de trouver des profils autonomes. Nous avons donc choisi de faire évoluer des «productifs directs», donc connaissant bien le travail, vers des missions de chefs de projets. Cela demande beaucoup de temps, mais cela permet d’offrir des perspectives de promotion intéressantes au sein de l’entreprise. Nous ne sommes pas du tout des adeptes du transplants de chefs de projets débauchés à prix d’or, et se trouvant catapultés à la tête d’une équipe de personnes fidèles à la société, mais qui n’ont pas eu la possibilité de progresser…
Les résultats de cette politique nous semblent très satisfaisants, puisque le turn over parmi les chefs de projet est encore plus faible que celui des «productifs» directs…

3 – Un système de gestion de projets interfacé par des interfaces clients sécurisées. C’est la colonne vertébrale du groupe, en, l’espèce le logiciel opensource dot project que nous avons très largement customisé au fil du temps.

Il constitue à la fois une base de suivi des projets en interne comme en externe, et la ressource d’information pour la facturation.

Il est aussi la source des analyses de productivité qui sont devenues de plus en plus importantes (et donc précises) au fil du temps.

En effet, au fil de l’augmentation des salaires (et longtemps revalorisation concomitante de la devise roumaine, le Leu, face à l’Euro, sans même parler du dollar…) en Roumanie, accéléré par la perspective d’entrée puis entrée du pays dans l’UE,… et face à cela la grande difficulté des clients français à accepter les répercussions, même à titre très partiel au niveau des tarifs… les gains de productivité sont devenus fondamentaux.
2008 a constitué localement le pic de la «bulle», avec à la mi 2008 une explosion galopante des prix immobiliers, une augmentation en rythme annuel des salaires de 30 %, un taux de croissance sur 12 mois de 9,3 %, une monnaie encore solide…

Nous avons donc été beaucoup plus attentifs au rapport entre temps standard pour des taches données et temps réellement passé par les salariés, voire temps total de présence dans l’entreprise.

Nous avons aussi développé progressivement des systèmes permettant de standardiser le développement de sites internet. Concrètement, les intégrateurs n’ont plus besoin de faire appel aux développeurs pour les parties techniques relativement simples et habituelles, de type formulaire de contact, etc…

Malgré tous nos efforts, en 2008 nous commencions à anticiper le moment où, vu l’explosion des coûts en Roumanie (ne profitant d’ailleurs pas à nos salariés, le coût de la vie réel galopant encore plus vite que les salaires…) nous ne pourrions plus conserver des clients ayant à leur disposition des solutions mondiales pour garder des coûts très bas quoi qu’il arrive.

Nous nous sommes donc logiquement tournés vers la République de Moldavie, assez proche même si enclavée, et surtout roumanophone et francophone…
Etant basés en province, et ayant constaté que les salaires de la capitale Moldave n’étaient pas très différents de ceux de la province roumaine (donc ne justifiant pas une implantation vu les contraintes de coordination à distance), notre choix s’est vite porté sur la ville de Balti, la principale ville de province sous le contrôle des autorités moldaves. Cette ville possède une université (dont des sections d’informatique) et une alliance française.

Un premier déplacement sur place en mai 2008, pour «sentir l’atmosphère» m’a permis d’espérer, et le projet a véritablement démarré avec l’identification d’un profil tout a fait adapté pour diriger le lancement d’une filiale la bas, a savoir un jeune américain ayant travaillé 2 ans en Moldavie, diplômé en gestion et management, et disposant d’une solide expérience en développement php, BD & création de site internet.

En septembre 2008 nous sommes partis ensemble à Blati pour faire la mise en place de la structure ; nous avons sélectionné une comptable, visité de locaux, mais tout s’est vite bloqué au niveau administratif ;

La responsable du bureau d’enregistrement (équivalent du registre du commerce local) n’acceptait pas les procurations de la part des actionnaires potentiels, «n’ayant pas confiance même en elle même…», tous les actionnaires devant donc faire personnellement le déplacement (véritable expédition, et c’était le premier pays ou j’ai vu une telle contrainte…).

Pire, la loi Moldave ne permettait pas de créer une société (SRL) ayant à sa tête un gérant étranger… et même par la suite, si un étranger souhaite devenir gérant, il devait affronter un vrai parcours du combattant juridique à la capitale, (visa de travail, visa de séjour, enregistrement… avec des quotas par secteur et région) sans aucune garantie de réussite ou même de motivation d’un éventuel refus, dans une atmosphère clairement ex-soviétique…

Enfin, les gérants ont l’obligation «d’être présents sur le lieu de travail», ce qui est extrêmement restrictif (quand peut il donc allez rencontrer ses clients ???)… Si on ajoute une tirade consternante de l’énorme directrice du bureau d’enregistrement selon laquelle «les étrangers viennent chez nous pour faire du trafic car nous autres Moldaves sommes les plus bêtes et les plus pauvres» on comprend que les investisseurs ne se sentent absolument pas bienvenus dans ce pays, peut être au mieux tolérés si ils «arrosent» copieusement l’administration … l’oligarchie politique (laquelle a réussi a supplanter la mafia en l’ayant remplacé, m’a t’on expliqué pour me rassurer) fait visiblement tout pour maintenir une pauvreté écrasante, l’aidant à assoir son pouvoir sur les rares personnes n’ayant pas encore quitté ce malheureux pays…

Exit donc le responsable étranger qui aurait pourtant été parfait… nous avions cependant aussi identifié plusieurs enseignants au sein de la faculté d’informatiques qui se sont déclarées intéressées par le projet… mais passées les déclarations d’intentions nous avons eu toutes les peines du monde à leur faire réaliser un petit test simple, test dont les résultats ont d’ailleurs été finalement complètement hors sujet… et plus personne pour refaire ensuite le test correctement…

Bref, la bonne volonté des investisseurs a elle aussi ses limites (avant de sombrer dans le franc masochisme…), et faute d’avoir identifié des compétences réelles dans notre domaine, vu l’aggravation fin 2008 de la crise mondiale nous avons mis en sommeil nos projets sur la Moldavie…

Et maintenant ? La crise rebat les cartes. Dans tous les domaines les capacités de production dépassent largement la demande, et les Etats ne peuvent (et ne doivent) pas faire partout ce qu’ils font pour soutenir à bout de bras le secteur automobile…

Beaucoup de sociétés vont disparaître, d’autant que nous sommes persuadés que nous n’en sommes qu’au début de cette grande crise, et nous devons nous préparer au pire au niveau de la conjoncture, même si nous ne le souhaitons pas… c’est le jeu, mais cela ne nous effraie pas car a terme c’est ce qui nous apportera de nouvelles opportunités de croissance…

Nous avons choisi en 2009 trois axes de réaction face à la crise:

Intensification des actions commerciale (voir le post sur le recent mailing), déplacements plus fréquents et plus longs en France, pour accompagner toujours plus les clients, et nous asseyons aussi d’obtenir un maximum de visibilité de leur part (ce qui n’est pas simple)

Intensification des actions marketing ; optimisation du référencement du site Transycons, nouveaux outils ( portefeuille en ligne, blog…) et accroissement de notre visibilité sur les sites de réseaux (linkedin, viadeo,xing…)

Accroissement de notre souplesse et réactivité ; le propre de cette crise, et sa difficulté, c’est que plus personne n’a de visibilité… dans notre activité ou la durée moyenne de réalisation d’une site internet est de 3 semaines, vous voyez ce qu’implique une forte variabilité de la demande… nous devenons donc plus flexibles, et expérimentons par exemple le principe d’échange temporaire de ressources (régie) avec un de nos confrères à Cluj qui travaille lui sur des projets de plus grande ampleur, mais qui lui aussi préfère éviter que ses effectifs salariés ne fluctuent trop brusquent et fréquemment…

Pour terminer, je dirais que ceux qui veulent nous comprendre doivent être bien conscients du fait que, de l’aveu même de certains salariés Transycons, ce qui fait notre force c’est largement un état d’esprit convivial au sein de la société, les gens viennent et surtout restent pour cela, travailler et progresser dans un environnement qui leur convient. Nous n’avons pas la force de frappe salariale des multinationales, mais notre développement n’est pas en péril, car nous proposons une alternative assurément moins clinquante mais probablement plus humaine et aussi plus durable.

Et si vu le contexte aucun sujet n’est tabou, nous essayons toutefois de préserver au maximum les salaires de ceux qui nous sont fidèle, et de conserver intact notre encadrement intermédiaire, ce qui pourra nous permettre de rebondir très vite sur une éventuelle reprise, ou simplement des démarrage d’activités pour de nouveaux clients dont certains sont déjà en phase de discussion avancée…

PS : Pour nos 10 ans il faudra vraiment qu’on fasse une belle fiesta, sans doute en louant une maison forestière sur un long WE, et ça serait l’occasion d’inviter les «vieux» clients, particulièrement ceux qui n’ont encore jamais réussi à venir nous voir… 😉