Développement web roumain en mode télétravail

Tele travail Roumanie
18 mars 2020

Longtemps minimisé, puis regardé de loin, l’épidémie de Covid 21 s’avère au plan économique le véritable cygne noir que beaucoup redoutaient. Si les chinois ont au départ sous estimé le danger, ils se sont ensuite battus comme des lions pour permettre au reste du monde gagner du temps, temps qui a hélas été gaspillé, quand on voit qu’en France un dimanche avaient lieu des élections nationale, et dans la foulée a été tardivement enclenchée une mise en isolement généralisée du pays.

Il est vrai qu’il est très difficile de contenir une épidémie sans bloquer une économie, mais du coup, en Italie, Espagne, France, aux USA, nous avons assisté à des réactions trop tardives et trop timorées qui n’ont pas enrayé l’épidémie, et maintenant il faut tout bloquer, donc l’économie est de toute façon en chute libre. Toute l’économie, pas simplement les marchés financiers, car comme le fait très bien remarquer Charles Gave, l’économie / le capitalisme c’est le mouvement, et sans mouvement l’économie ne peut plus fonctionner.

Ou allons nous donc ?

Sauver des vies

Le plus important doit être de tout faire pour sauver des vies humaines.

Certains en sont encore à comparer ce virus à la grippe, qui fait beaucoup plus de morts. Mais la comparaison est fausse, car le Corona Virus est infiniment plus mortel si on le rapporte aux nombre de personnes qui y ont été exposées.

Si l’on table sur 14 % de cas grave dont 6 % critiques, affectant principalement les voies respiratoires, cela fait environ 10 % des malades qui ont besoin d’être intubés, et pendant plusieurs semaines. Or les moyens en thérapie intensive, notamment les appareil respiratoires, rares et coûteux, ne sont grosso modo prévus que pour les pathologies habituelles. Il y a peu de marge, comme on l’a vu en Italie ou des médecins ont du choisir, la mort dans l’âme, notamment en fonction de critères d’age, qui intuber ou non, donc qui sauver ou non.

La situation n’est guère meilleure pour les gels antibactériens, masques, en nombre insuffisant, quand ils ne sont pas purement et simplement volés des hôpitaux comme a Nice et ailleurs…

C’est pour cela qu’il est indispensable de ralentir la progression de la maladie, pour limiter l’engorgement des hôpitaux (qui doivent aussi faire face aux pathologies habituelles ; infarctus, AVC, etc ) et donner du temps pour arriver à produire davantage de matériel et consommables médicaux qui font cruellement défaut.

La Roumanie a la chance de disposer d’un grand professionnel des situations d’urgence, le docteur Raed Arafat, d’origine palestinienne mais formé en Roumanie.

Celui-ci avait mis en place à partir de quasiment rien l’équivalent du Samu en Roumanie, et ces dernières années a été Secrétaire d’Etat „technique” dans des gouvernements successifs de diverses couleur politique. Très apprécié par la population qui s’était mobilisée quand le précédent président avait voulu le renvoyer pour avoir avoir osé dire certaines vérités, il a été la cheville ouvrière d’un confinement enclenché très tôt, avant même que le pays ne compte une centaine de malades confirmés.

La Roumanie est certes loin d’être au bout de ses peines, car les moyens de son système hospitalier sont modestes, la discipline y est toute relative, mais elle est prête à se battre, d’ailleurs le président Klaus Iohannis a annonce le recrutement en urgence de personnel médical en dehors de la lourde et bureaucratique procédure habituelles des concours.

Virtualisation absolue, la marque du offhore

Le 11 mars 2020 la Roumanie a fermé toutes les écoles, puis dans la foulée ses crèches. Les entreprises ont ensuite reçu des consignes pour passer au plus vite au télétravail, partout ou c’était possible. Et des instructions concernant l’hygiène ont été largement diffusées.

Dès le milieu de la semaine dernière Transycons a commencé à déployer un système permettant aux salariés d’accéder de chez eux à leur poste de travail à l’entreprise, et d’allumer eux même, à distance, leur ordinateur de bureau. En 3 jours ce système a été terminé. Lundi 16 mars seul un quart des salariés étaient encore présents au siège, et mardi 17 nous n’étions plus que 2 sur une trentaines de personne. Aujourd’hui j’étais seul la plupart du temps.

Des informations que nous recevons de nos clients, le télétravail devient aussi très vite la norme en Europe de l’Ouest.

En fait, en temps que prestataire web offshore / nearshore nous avons une longueur d’avance, car cela fait longtemps que nous sommes habitués à travailler à distance. Nous avions déjà fait la moitié du travail car nous avons l’habitude de travailler loin de nos clients, il faut juste aller plus loin dans le travail des salariés de chez eux, que nous pratiquions déjà à temps partiel auparavant.

Nos clients sont aussi favorisés dans une telle transition, car ils ont déjà acquis cette même habitude du travailler à distance, qui nécessité notamment d’écrire davantage les choses que si tout le monde travaille au même endroit.

Digitalisation accrue grâce aux outils collaboratifs

Qui dit travail à distance généralisé dit mise en place de nouveaux outils.

Adieu le stand-up meeting du lundi matin, la réunion hebdo des managers, le tableau des affectations… nous avons mis en place en quelques jours des outils alternatifs, en combinant des solutions logicielles libres comme GitLab avec des tableaux sur le Cloud (Drive). Plus deux groupes skype, un pour le management et l’autre pour l’ensemble des collaborateurs.

J’avais personnellement quelques craintes sur les risques d’engorgement du net (les plus anciens se souviennent probablement de celui du 11 septembre 2001), mais pour l’instant, à part au niveau de whatsapp en vocal, la qualité des connections en Roumanie reste pour l’instant très bonne.

Nous avons aussi insisté sur la nécessité pour les salariés d’être toujours disponibles via messagerie instantanée aux heures de travail, de prévenir en cas d’horaires moins conventionnels, et de bien rapporter tous les jours leurs temps travaillés, pour donner une transparence maximale…

Bien sur certains salariés sont parents, et le fait d’avoir à gérer à la maison leurs enfants n’est pas toujours simple, mais nous sommes dans un domaine ou les résultats du travail sont rarement attendus en temps réel, il y a souvent un peu de souplesse pour jongler et récupérer en début de soirée ou le WE…

Bref, techniquement les solutions existent, il faut juste éviter, comme le faisait justement remarques Charles Sannat, que le télétravail ne soit un sas vers le chômage…

La nécessaire aide publique aux entreprises (saines)

Si l’économie est (quasi) bloquée par la nécessite de l’isolement des familles à leur domicile, tant l’offre que la demande s’effondrent, et très vite les entreprises font de même.

En effet, elles ne peuvent pas continuer à supporter leurs coûts (salaires, charges, remboursements, loyers, etc) faute de demandes et de règlements de leurs clients.

On est manifestement dans un cas de force majeure, et le fait que les banques centrales baissent leurs taux ou prêtent davantage d’argent n’aide pas vraiment l’économie réelle.

Il est nécessaire que les Etats réaniment puissamment l’économie, par exemple en prenant en charge le paiement des salaires, des charges, en reportant les échéances de remboursement…

L’Italie a suspendu très vite la remboursement des intérêts des crédits, ainsi que le paiement des taxes.

La France a elle annoncé le paiement par l’État de l’intégralité des salaires (et charges) au salaire minimum, et de 84 % au-delà.

En Roumanie pour l’instant l’État est beaucoup plus frileux, il a juste reporte le paiement des impôts locaux. Les banques reportent en ordre disperse le paiement des traites.

Mais face au blocage économique qui voit le nombre de faillites et de licenciements exploser, la vraie réponse publique se fait encore attendre.

Il faut dire que le gouvernement en place, est, « à la belge », en charge d’expédier les affaires courantes, et on se demande à chaque mesure si il est habilité à faire ce qu’il fait… Deux gouvernements ont été renversés récemment par des motions de censure, le dernier en date s’est retiré le jour de sa présentation…

En fait la Roumanie n’a plus de majorité parlementaire, le président fraîchement réélu préparait le déclenchement d’élections anticipées, mais il est maintenant hors de question de convoquer la population aux bureaux de vote, et le passage brutal au vote électronique provoquerait beaucoup de suspicions.

Il faut maintenant espérer que face à la gravité de la situation, la classe politique saura s’unir pour trouver des solutions de soutien aux entreprises et éviter ainsi un carnage social.

Cela passe par une forme de planche à billet, pour payer les gens à rester chez eux. Les autres pays sont déjà en train de le mettre en place. Cela aura des conséquences sur l’inflation, mais ne rien faire serait encore bien pire, et pourrait conduire au chaos…

Maintenir la stabilité de Transycons

Au niveau de l’entreprise, les ajustements de court terme ne font pas oublier l’objectif de pérennité à long terme.

Comme une partie de nos projets sont des projets assez courts, nous avons déjà commencé à ressentir l’impact du Coronavirus dans l’économie globale.

En fait la situation est très contrastée, entre une grosse équipe dédiée qui voit son activité maintenue, et d’autres clients qui freinent ou ne renouvellent pas les commandes.

La première réaction a été de réaffecter le travail de façon à ce que tout le monde reste occupé.

Si ensuite la charge de travail devient trop faible, nous encouragerons les volontaires à prendre des congés, d’autant que certains n’ont pas encore épuisé leurs congés de l’année dernière.

Ensuite la législation actuelle donne deux possibilités de réaction à une forte baisse manifestement durable de l’activité

– Le chômage technique, les gens ne travaillent plus et sont payés au 3/4 de leur salaire (et idem pour les charges sociales)

– Le passage à 80 % du temps de travail. Les gens travaillent donc l’équivalent de 4 jours par semaine, ils sont payés à 80 % et les charges sont dues à ce même niveau.

Ces dispositions sont bienvenues, mais elles peuvent être insuffisantes pour enrayer des vagues massives de licenciements en cas de blocage économique et financiers.

Transycons dispose de réserves conséquentes, ayant déjà du surmonter par deux fois la « chute » de son plus gros client, en 2004 et 2009. Nous sommes armés pour traverser la bourrasque, et nous ferons tout pour garder aussi longtemps que le concours de l’État nous y aidera, des salariés de valeur.

Mais si les aides s’avèrent insuffisantes, ou la période d’inactivité se prolonge beaucoup, nous devrons aussi faire le nécessaire pour conserver les moyens financiers nécessaire à un redémarrage, sachant que le plus souvent les factures sont payées après la prestation, et que le décalage peut parfois être conséquent.

Et le jour où nous redémarrerons, la société humaine aura été profondément transformée.

 

En conclusion, plus rien ne sera comme avant, notamment après la diffusion massive, sous la pression des évènements, du travail à distance.

Cela pourrait aider à désengorger enfin les grandes métropoles énergivores, et sans réelle autonomie alimentaire.

Plus globalement il est nécessaire de reconstruire des Etats plus solide, puis une nouvelle forme de collaboration européenne, dans la logique de confédérations continentales plus solidaires. Car quand l’Italie a appelé a l’aide ses voisins européens, seuls les chinois ont répondu, ce qui est tout à leur honneur mais marque la faillite d’une Union Européenne qui n’a d’union que de nom, après avoir dérobé aux Etats une large partie de leurs prérogatives, lesquelles leur font désormais cruellement défaut pour lutter contre cette grave épidémie.