Des développeurs web remote vraiment francophones

développeurs roumains francophones
25 septembre 2019

Nous avions déjà eu plusieurs tentatives avec un groupe de formation au français réunissant CP et volontaires, mais au bout de quelques séances, certains étaient vraiment trop occupés, et les rencontres se sont espacées jusqu’à disparaître. Nous avions clairement atteint la limites de la bonne volonté…

Or récemment, une start-up française cliente nous a chatouillé, en demandant à travailler avec des opérationnels vraiment francophones, y compris à l’oral, ce qui impliquait un recours minimal aux chefs de projets. Un beau challenge…

Demande de développeurs dédiés parlant français

Nous avions jusqu’à présent une solution avec des opérationnels lisant voire écrivant le français, plus un chef de projet qui assurait les échanges vocaux (via Zoom) et les éventuelles clarifications.

Le directeur de projet (et associé côté client), de manière volontairement provocatrice, s’est interrogé sur la réelle différence de notre solution avec ce que propose par exemple l’Inde, généralement non francophone.

Il est vrai que jusqu’à présent, nous considérions qu’un salarié dispose (ou non) d’un „capital francophone” de départ, lequel se développe progressivement assez spontanément, surtout au niveau lecture / compréhension. Ceci rend petit à petit les opérationnels moins dépendants des chefs de projet pour la compréhension des tickets / spécifications.

Ce capital plus ou moins renforcé sur le tas permet aussi d’avoir quelques échanges basiques, par exemple dans le cas des graphistes web qui envoient par email au CP client des designs de sites (maquettes) à valider.

Mais ici le client demandait beaucoup plus, à savoir des opérationnels capables de parler et comprendre le français oral. Ceci sans avoir le temps de la réflexion, sans la béquille des traducteurs en ligne… en live !

L’intérêt était non seulement de libérer le chef de projet pour des taches plus intéressantes, mais aussi d’économiser un temps conséquent, en permettant à deux protagonistes de clarifier directement un point qui aurait besoin d’être éclairci, sans passer par la voie de l’écrit (souvent fastidieuse et chronophage) ou à fortiori par l’intermédiaire du chef de projet.

Bien sur le client était conscient du fait que développer des capacités d’expression orale et de compréhension du français prend du temps, mais il avait donné un horizon de moyen terme, d’au moins 6 mois, ce qui laissait le temps de s’organiser et de préparer la montée en compétences.

Mise en œuvre du perfectionnement en français

Devant un tel challenge, nous avons décidé de tenter l’aventure, au moins pour une salariée dédiée de l ‘équipe client qui était clairement volontaire. Nous avons par ailleurs été confrontés au cas d’un second salarié qui a considéré que vu son très faible niveau de départ, bien maîtriser le français oral représentait un horizon inaccessible, et donc nous avons compris qu’il ne fallait pas insister.

Le principe de base, comme pour duolingo, est de compter sur la fréquences des séances, beaucoup plus que sur leur durée. Ainsi l’objectif d’avoir une séance par jour travaillé, ou au minimum un jour sur deux, est fondamental.

Le second point fondamental est une approche strictement individuelle entre l’apprenant et le francophone natif qui l’encadre. De cette manière l’apprenant peut à tout moment poser une question, demander des précisions ou une traduction, sans craindre de ralentir la progression des autres apprenants ni même leur regard.

Enfin, le dernier objectif est de « perturber » le moins possible le travail habituel de la personne qui doit être formée. On essaye de définir un créneau horaire qui lui convienne, par exemple juste avant la pause déjeuner. Mais si un jour elle a beaucoup de travail, ou une tache urgente à finir pour le client, le formateur doit être prêt a décaler rapidement l’horaire du l’atelier de français.

Pour l’instant l’intérêt et la motivation de la personne dédiée sont au rendez vous, même si elle a été un peu déçue par le sentiment d’avoir régressé à son retour de congés d’été. Mais ce « retard » a vite été comblé.

Contenu du programme de perfectionnement

Pour démarrer, ont pu être utilisés quelques supports en français qui avaient été préparés pour une initiation de jeunes enfants. Mais le contenu s’est vite étoffé et diversifié. Dans un but très pragmatique d’obtenir des résultats visibles sous un délai raisonnable, mais sans négliger les bases nécessaires en conjugaison et grammaire notamment.

Voici les principaux points qui ont pour l’instant été abordés ;

Lecture de textes en français. Ces textes portent généralement sur les projets IT, la gestion de projet IT, ou au moins le français professionnel.

– Petits dialogues informels, par exemple sur ce que la personne a fait pendant la journée en cours.

– Ecoute du journal en français facile de RFI, qui propose aussi une transcription écrite (approchante) bienvenue, même si cela va avec une ligne éditoriale politiquement correcte parfois pesante.

Ecoute de petits dialogues en suivant leur transcription sur écran.

Conjugaisons de verbes courants aux temps les plus usuels (présent, futur, voire imparfait) ou les plus simples (passé composé, futur proche).

– Emploi de nombres, de préposition, règles de grammaire, souvent sur la base de supports visuels thématiques.

– Pour les plus avancés, écoute de podcasts sur des points de grammaire (parlez vous French est spécialement apprécié, et étonnamment bien compris malgré le débit assez rapide de son animatrice).

Elargissement des ateliers francophones

La démarche a ensuite été élargie à un développeur qui, si il progresse en français, pourrait venir renforcer l’équipe dédiée du client demandeur de francophonie. Il s’est là encore agi de rafraîchir des bases anciennes, donc largement oubliées, et de donner progressivement confiance au salarié sur ses capacités concrètes et sur son aptitude à progresser.

Un autre programmeur a ensuite manifeste son intérêt, il commence à démarrer, et je ne désespère pas d’en convaincre encore, progressivement, quelques autres.

L’élargissement est aussi lié au fait que les salariés voient souvent ces ateliers de français comme un avantage lié au travail, et contribue donc à leur fidélisation.

C’est aussi un plus au niveau de la compréhension des demandes écrites, à la fois en diminuant les risques d’erreur d’interprétation, et aussi en libérant l’ensemble des chefs de projet de certaines taches d’explication, ce qui leur permet de passer plus de temps sur des taches qui ont davantage de valeur ajoutée.

Ce système de formation semble approcher de son rythme de croisière, car de plus en plus ce sont les salariés qui indiquent les thèmes des prochaines sessions, en fonction des domaines dans lesquels ils se rendent compte qu’ils ont des lacunes à combler.

Les CP et le perfectionnement en français

Des lors que des ateliers de français ont été vigoureusement (re)lancés, il a vite été question d’y inclure les chefs de projets.

Outre un travail d’interface avec les CP du client, nos CP font aussi un accompagnent des opérationnels qui dépasse la simple traduction et peut de tout temps rester nécessaire, d’où la nécessité d’une très bonne maîtrise du français.

Pour prévenir l’essoufflement des précédentes tentatives, cette fois a été mis en place (jusqu’à un certain point) le « renversement de la charge de la preuve », c’est à dire que les chef de projet ne viennent pas se former quand ils ont le temps, mais que sauf motif impérieux (qui ne saurait être systématique) ils participent à l’atelier.

On ne fait plus du français « quand on aura le temps », il est systématiquement proposé aux personnes suivant les ateliers, et si elles ont des urgences, elles pourront en être exceptionnellement dispensée le jour même, mais en principe pas le lendemain. (au moins un jour ouvré sur 2).

Pour l’instant les résultats en terme de fréquentation sont mitigés, vu que les chefs de projets sont confrontés non seulement à des journées chargées, mais aussi à des périodes chargées, ce qui interrompt parfois les efforts pendant des périodes conséquentes.

Ils ont aussi une demande aiguë pour apprendre des choses « très immédiatement utilisable », mais quand il s’agit d’une langue, il est bon de connaître des règles générales qui aideront à construire des phrases spécifiques.

Par contre, le bon coté au niveau des chefs de projets est que d’une part leur niveau de départ est généralement meilleur, et d’autre part leur besoin de perfectionnement ne correspond pas à une « commande donnée » mais à un besoin récurrent, et donc même leur assiduité aux ateliers de français est plus faible, ils progressent tout de même avec le temps, surtout que de par leur profil, ils ont davantage la démarche d’apprendre par eux mêmes (ne serait-ce qu’en écoutant du français) que des personnes d’autres profils.

Et il faut enfin noter qu’ils reçoivent un support linguistique lors de leurs premiers échanges vocaux avec leurs interlocuteurs francophones natifs, pour éviter tout risque de blocage / panique / malentendu.

 

Voilà. Concernant le client dont la demande de francophones a déclenché la démarche en cours, voyant nos efforts il a aussi fait un pas vers nous et a accepté le fait que si quelqu’un n’avait vraiment pas de bases en français ni un souhait de progresser dans cette langue, les échanges direct avec lui pourraient se faire en anglais. Mais nous insistons pour ne pas tomber dans la facilité, et que nos salariés qui ont la volonté et la capacité à progresser en français soient encouragés et soutenus pour le faire. Ceci d’autant que peut se créer un effet d’émulation / d’opportunités pour les non membres de l’équipe.

Au passage, nous avons constaté que même les CP les plus expérimentés, qui échangent souvent et bien en français gagneraient à converser avec un francophone natif. Si ils se font de toute manière bien comprendre de leurs interlocuteurs, il y a aussi un Paretto des erreurs, et une grosse partie de celles qui écorchent un peu les oreilles ont quelques causes qui se répètent souvent, et pourraient être résolues avec un peu d’observation puis de détermination. Par exemple « la problème», « à le client » etc